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Modigliani à la Tate Modern

by pascal iakovou
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MODIGLIANI
TATE MODERN
23 NOVEMBRE 2017 – 2 AVRIL 2018

En dépit de sa mort prématurée à l’âge de 36 ans, Amedeo Modigliani (1884-1920) fut l’un des plus grands artistes du vingtième siècle dont la démarche novatrice repoussa les limites de son art. De fin novembre 2017 à avril 2018, la Tate Modern présente l’exposition la plus complète encore jamais consacrée à Modigliani au Royaume-Uni. Celle-ci réunit une centaine d’œuvres : portraits emblématiques et sculptures, ainsi qu’un ensemble inédit par son ampleur de nus. L’exposition vise ainsi à apporter un éclairage nouveau sur le processus de création et d’expérimentation au cœur du travail de Modigliani.

Une section de l’exposition consacrée aux nus de l’artiste, peut-être la partie la plus connue et la plus provocante de son œuvre, en est l’un des points forts. Avec ces saisissantes toiles, Modigliani inventa un nouveau type de composition qui modernisa la peinture figurative. Ces représentations explicites suscitèrent alors la controverse et son unique exposition personnelle, à la Galerie Berthe Weill en 1917, devait être censurée par la police pour outrage aux bonnes mœurs. Le groupe de 10 nus de l’exposition en est le plus grand ensemble encore jamais vu au Royaume-Uni comprenant notamment Nu assis de1917 (Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers) ainsi que Nu couché c.1919 (Musée d’Art Moderne, New York).

Né à Livourne en Italie, Modigliani s’installa à Paris à partir de 1906. Sa carrière fut marquée par une évolution permanente et l’exposition s’ouvre avec l’arrivée de l’artiste dans la capitale française tout en rappelant l’environnement artistique et la culture populaire avec lesquels il entra alors en contact et qui devaient se trouver au centre de sa vie et de son art.

Influencé par Paul Cézanne, Henri Toulouse-Lautrec et Pablo Picasso, Modigliani développa très tôt un style très personnel tels qu’en témoignent Buste de Jeune Femme 1908 (Lille Métropole Musée d’Art Moderne, Villeneuve -d’Ascq) ou Le Mendiant de Lenghorn 1909 (collection privée). Son cercle d’amis comprenait poètes, marchands, écrivains et musiciens, dont beaucoup posaient pour ses portraits : Diego Rivera 1914 (Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf), Juan Gris 1915 (Metropolitan Museum of Art, New York) ou Jean Cocteau 1916 (The Henry et la Fondation Rose Pearlman, Princeton University Art Museum). L’exposition se penche particulièrement sur le rôle et l’importance des femmes dans l’œuvre de Modigliani, en particulier la poète et écrivaine Beatrice Hastings, à la fois la muse de l’artiste et figure de premier plan dans l’univers artistique de l’époque.

Modigliani présente également une sélection remarquable de sculptures de l’artiste, souvent moins connues du grand public, dont un important groupe de Têtes réalisées avant la Première Guerre mondiale. En dépit d’une santé fragile et de moyens misérables, Modigliani devait consacrer une courte mais très intense période à la sculpture, encouragé en cela par des contemporains et des amis, dont Constantin Brancusi et Jacob Epstein. Pour raisons de santé, Modigliani quitta Paris durant une longue période en 1918 pour séjourner dans le sud de la France. Il adopta alors une palette aux couleurs plus méditerranéennes et se mit à peindre, en lieu et place des citadins habituels, des paysans locaux et des enfants tels que le montrent Jeune femme du peuple 1918 (Los Angeles County Museum of Art) ou Garçon à la veste bleue 1919 (Indianapolis Museum of art).

L’exposition s’achève par quelques-unes des représentations les plus célèbres que Modigliani consacra à son cercle d’amis le plus proche. Lui servant de modèles, ses amis et relations amoureuses lui apportaient également un soutien financier et émotionnel essentiel pour face à la difficulté de ses conditions d’existence. Qu’il s’agisse de son marchand et ami proche Léopold Zborowski et de sa compagne Hanka, ou de Jeanne Hébuterne, mère de son enfant et l’une des femmes les plus importantes de sa vie. Lorsque Modigliani meurt en 1920 d’une méningite tuberculeuse, Jeanne se suicide tragiquement et l’exposition de la Tate Modern rassemble plusieurs portraits d’elle la représentant sous diverses formes, de jeune fille à mère. Des portraits parmi les plus recherchés de Modgliani qui font l’objet de prêts exceptionnels de la part de grandes collections internationales telles que le Philadelphia Museum of Art et le Metropolitan Museum of Art de New York.

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