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colette peut le faire : Yes She Could

by Manon Renault
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Fermer ses portes le 20 décembre, avant l’entrée dans l’hiver : colette peut le faire. Annoncer des collaborations avec H&M, Sacaï ou Lucien Pagès, puis brusquement poster sur Instagram le mot « fin »: colette peut le faire.  Fin d’un « concept-store révolutionnaire »,  l’arrêt obligé pour tout bon fidèle de la mode. Remue ménage dans l’actualité : on ne sait plus ou donner de la tête. Un étonnement général, et une foulée d’hommages. De Sophie Fontanelle aux designers les plus côtés, Colette Roussaux et Sarah Andelman sont encensées: des pionnières. Des personnalités dont les sélections éclectiques n’ont jamais déçues . Vanessa Friedman va même jusqu’à déclaré « colette m’a éduqué dans la mode ». Toutes ces tournures au passé, donnent l’impression de parler d’être dont on pleure la perte. Es-ce cela le trouble :  pourquoi partir, ne pas rester jusqu’au bout ? Se retirer au sommet de la gloire: un privilège des grands hommes, une marque de prestige des stars de « la grande époque ».  Savoir dire stop , avant d’être dépassé : embrasser l’éternité et rester à jamais le « concept -store » annonciateur des tendances à venir. Une élégante manière d’écrire fin.

Colette ferme. Sa victoire sur la mode commence. Ou la mode avait-elle déjà eu raison de Colette ?

Un hommage unanime, sans fausse note : Colette c’était si parfait?


Colette : la mode avant la mode, c’est la devise

Pendant 20 ans le magasin Colette a galvanisé la planète mode par sa capacité à capter les tendances émergentes. Proposer perpétuellement de nouvelles manières de présenter les choses : cela se traduit par des millions de vitrines, plus de 300 expositions d’art, environs 3000 événements , 37 compilations CD et 86000 marques différentes. Chaque semaine les éléments présentés changent. Colette met au goût du jour les collections capsules, qui déplacent les foules, si bien que tout le monde s’y met.  Sarah Andelman déclare que le secret de la longévité consiste à ne pas se reposer sur ses lauriers; « constamment se réinventer ». Un peu l’équivalant de Madonna dans la pop music. Sauf que la « Queen of the Pop » a fini par se complaire dans ce titre, et devenir l’ombre de son personnage. Sarah Andelman à force d’être dans la surenchère du changement, la multiplication des objets éphémères, représente finalement la mode en vigueur plutôt que la mode en devenir. À l’heure ou les collaborations se sont massivement intégrées dans les usages et où porter des baskets avec des costumes de luxe n’a plus rien d’étonnant, où est l’audace? Surtout quand le premièr étage consacre de plus en plus de place au street wear. Sarah Andelman reconnaissait elle-même dans une interview pour BoF, que si le street wear et le luxe se touchaient, aujourd’hui ils se confondent complètement.

colette : qui consulter pour le programme de demain?

colette en 1997

En 1997, Colette fait office d’exception. L’intention de départ était de créer un lieu ou les gens peuvent rester : regarder une exposition, écouter de la musique, boire l’une de 85 sortes d’eau minéralse et repartir avec un t-shirt et un livre d’art. Sarah Andelman rassemble en un lieu ce qu’elle aime, tout ce qu’elle ne trouve nulle part ailleurs (comme les cosmétique Kiehl’s).  Si ce magasin/musée/lieu de vie/ QG branché  ferme ses portes, c’est que le vent tourne. Que ce soit dans le monde de la mode, de la culture, des arts. De nouvelles combinaisons sont à inventer. Est -ce la fin des concepts store ?

Des concept-store à la pelle : après l’annonce de la fermeture du n°213 de la rue Saint-Honoré, GQ recense l’ensemble des concept-store qu’il reste.La liste est impressionnante: Merci et L’éclaireur en tête. Le concept de chacun de ses magasins recèle dans le mot concept. Ce type de constat pousse à penser qu’il était grand temps pour Colette de fermer ses portes. Avant de se confondre dans la masse.

Chez Colette on peut croiser Karl aussi bien que Vicotria et David, un touriste  et une fashion victime, un milleniale et un baby-boomers: le  mix parfait?

Remake d’un film du XXième

Colette Roussaux et Sarah Andelman

Colette et Bel Gazou

colette grand magasin, Colette grand écrivain. Avant 1997, le son   « Colette » ramène  pour certains au blé en herbe. Colette: femme écrivaine, qui s’est libérée de Willy,  a collaboré avec les plus grands artistes de la belle époque, s’est coupée les cheveux,  et a élevé sa fille « Bel-Gazou ». Sarah est un peu la « Bel-gazou » du luxe. Avec sa mère, elles auront investi le Faubourg Saint-Honoré , le marquant à jamais d’un bleu : le bleu Pantone 293c.

Les histoires se répètent :des combinaisons étranges se forment. Entre hommage et critique, difficile de prendre position. Certes Colette ce n’était pas parfait, mais  avant que le bleu Pantone ne ternisse, Claudine s’en va.

Aller chez Colette et acheter des baskets: c’est le blues, pas le bleu de demain. Le plus mauvais hommage. 

 

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