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Celle qui aimait…

by Woesland
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Est-il possible de créer un point d’engagement, d’intensité et de sens? écrit Gwenaël Morin, est-il possible de transformer la vie? Avec Bérénice d’après Bérénice de Racine,  spectacle qu’il avait mis en scène en 2009 aux Laboratoires d’Aubervilliers et actuellement à l’affiche du Théâtre de la Bastille,  il va jusqu’au point de l’amour sans retour. Un coup de poing dans le cœur.

© : Pierre Grosbois.

Une origine. Trois flèches, trois personnages, trois directions. Un trio pris dans le piège de la raison d’Etat. Malgré leur amour réciproque, la loi romaine  interdit Bérénice, princesse de Palestine, d’épouser  Titus, empereur de Rome.  A quelques heures de leur séparation, Antiochus, amoureux en secret de Bérénice, décide de lui dévoiler ses sentiments. En vain. Dans cette pièce magnifique  de Racine où se tissent et se détissent les destinées, Gwenaël Morin parvient à mettre en scène la déchirure de l’amour. Pas d’artifice. Un décor de bric et de broc. Pas de costumes. Des gestes précis. Une diction sans apprêt. C’est avec le verbe que l’on joue, que l’on aime, que l’on meurt devant une assemblée de spectateurs qui devient juge et partie.

© : Pierre Grosbois.

Urgence de la parole à entendre. Urgence de dire l’amour avant qu’il ne meure. Urgence des mots avant leur disparition. Parler jusqu’au bout de soi. Telle est Bérénice, magnifiquement interprétée par Barabara Jung, toujours juste, même dans la colère, toujours aimante même trahie. Portés par des comédiens tous bouleversants de sincérité (notamment, Grégoire Monsaingeon –Titus et Julian Eggerickx – Antiochus), la mise en scène de Gwenaël Morin laisse éclore la parole des cœurs. Les vers de Racine éclatent de beauté et de désespoir. Et quand le fil devient trop tendu, au moment où les vies  s’effondrent aux pieds de l’origine, Ulysse Pujo qui incarne à lui tout seul les trois confidents – Arsace, Phénice et Paulin, apporte une touche de légèreté avant le vacillement.  « Faire du théâtre, écrit Gwenaël Morin, est quelque chose d’unique en soi où l’on voit des gens transformés par ce qu’ils disent et où le fait de les voir le dire nous apporte quelque chose sur le cœur des hommes, que l’on ne peut voir autrement. Après Bérénice, qui n’a pas craint d’aimer? A vivre absolument.

Jusqu’au 21 novembre au Théâtre de la Bastille.


Par Odile Woesland

Bérénice d’après Bérénice de Racine, mise en scène de Gwenaël Morin, avec Julian Eggerickx,  Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon, Ulysse Pujo.

www.theatre-bastille.com

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Alexia Albarracin 20 mars 2013 - 18 h 28 min

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