Home Art de vivreCulture « LE MAITRE DE LA TOILE DE JEANS » et MARITHÉ + FRANCOIS GIRBAUD

« LE MAITRE DE LA TOILE DE JEANS » et MARITHÉ + FRANCOIS GIRBAUD

by pascal iakovou
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LA RENCONTRE DE DEUX MAÎTRES
Le point commun entre un peintre du XVIIe et Marithé + François Girbaud ? Le jean !
Cet automne, du 16 septembre au 8 novembre, en même temps que la Biennale des Antiquaires, la Galerie Canesso inaugure une exposition insolite qui présentera en avant première les toiles du « Maestro della tela jeans ». Sous ce nom qui peut sembler anachronique, se cache un peintre italien anonyme du XVIIe siècle que l’on vient de découvrir. Un nom incisif et percutant donné par Gerlind Gruber, le commissaire de l’exposition. Une exposition où seront présentés 8 tableaux dans lesquels on découvre de manière récurrente une étoffe bleue dont la trame, composée de fil blanc, montre la structure typique de la futaine de Gênes, dite jeans aujourd’hui. Une découverte qui remet en cause l’histoire du denim nous montrant clairement que le jean, symbole des temps modernes, fut apprécié bien avant le XIXe siècle.
Un témoignage artistique auquel les créateurs Marithé + François Girbaud, précurseurs français mondialement reconnus dans le jean, ne pouvaient être insensibles.

UNE ÉVIDENTE COLLABORATION
En découvrant les toiles de ce peintre italien, Maurizio Canesso, fondateur de la galerie, a immédiatement voulu relier la peinture ancienne à un créateur contemporain. Collaborer avec Marithé + François Girbaud qui ont toujours été à l’avant-garde sur cette matière est alors apparu comme une évidence. Marithé + François Girbaud sont depuis 40 ans, les leaders de divers mouvements dont l’influence et l’empreinte sur le marché textile n’est plus à prouver. Maintes fois récompensés (Fil d’Or, Bobine d’Or, Clefs de villes…), on leur doit notamment l’invention du Stonewash, l’apport du sportswear, le lancement mondial du stretch, le concept « Metamorphojean », la naissance de « Spqrcity »… Marithé + François Girbaud se distinguent par une créativité sans limite qu’ils associent à des Technologie de pointe. En 2010, ils créent l’événement en présentant pour cette exposition, un nouveau procédé technique qui utilise le laser pour travailler le jean de manière pointue et écologique : le WattWashtm.

L’ART ET LA MODE RELIES PAR LA MATIÈRE
L’idée de graver au laser dans un denim du XXIe siècle une toile du XVIIe siècle s’est imposée à François Girbaud. Le jean est entré dans les oeuvres de ce peintre italien et aujourd’hui par la technologie WattWashtm l’oeuvre est gravée dans la toile de jean. « Quatre siècles nous séparent mais aujourd’hui nous sommes reliés par la matière », confie François Girbaud. La matière est dans toile, la toile est dans la matière.

LE WATTWASHtm RÉVOLUTIONNE LE JEAN
Cette nouvelle technologie au coeur du développement du travail sur le jean chez Marithé + François Girbaud, répond aux préoccupations de notre temps, à la prise de conscience de la consommation démesurée de l’eau faite par l’industrie du jean. C’est une véritable révolution puisqu’elle permet d’économiser 97,5 % d’eau : 5 litres d’eau sont utilisés avec ce traitement alors qu’il en faut 30 fois plus pour traiter un jean de base.
Le principe ? L’énergie de la lumière grave la matière, la délave et offre une myriade d’effets jusqu’à la reproduction de différentes armures classiques telles le chevron, le pied-de-poule, ou encore le Prince de Galles… Se jouant des contraintes techniques du tissage, Marithé et François Girbaud renouvelle ainsi l’image traditionnelle du tailleur masculin. En passant du Stonewash au WattWashTM, Marithé et François Girbaud sont passés de la pierre à la lumière avec ce procédé révolutionnaire qui bouscule les transformations du jean.

LE SACRE D’UNE ÉTOFFE BLEU INDIGO
Dans le groupe de tableaux du ’’Maestro della tela jeans’’ apparaît de manière récurrente cette étoffe bleue portée par différents personnages dans des scènes de vie populaire comme le tablier déchiré d’une Mère cousant avec deux enfants ou la veste d’un Petit mendiant. Cette exposition a pour ambition de comprendre dans quel contexte s’est développé l’art si original de ce peintre que l’on vient de découvrir. Déjà pour ses tableaux, sont évoqués les noms de Velazquez, La Tour, les Frères Le Nain ou encore Sweerts tandis que sont notées une solennité et une dignité de l’être humain qui distinguent l’artiste de ses prédécesseurs.

LA GALERIE CANESSO
Elle a été fondée en 1994 à Paris par Maurizio Canesso, présent depuis 1980 dans le secteur de la peinture ancienne italienne. Son activité est orientée exclusivement vers des tableaux exécutés entre le XVe et le XVIIIe siècle par des artistes italiens ou étrangers ayant résidé en Italie. La Galerie Canesso organise dans ses murs des expositions accompagnées de catalogues édités par ses soins et participe à deux salons prestigieux : la Tefaf de Maastricht et la Biennale des Antiquaires de Paris.

HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE DU« MAÎTRE DE LA TOILE DE JEANS »
En 2006, Gerlinde Gruber, conservateur au Kunsthistorisches Museum de Vienne et en charge de l’exposition à la galerie Canesso (16 septembre-6 octobre 2010) , a proposé pour cet artiste anonyme un nom de commodité, apparemment anachronique mais assez incisif, le “Maestro della tela Jeans”. Dans le groupe des tableaux qu’on lui attribue apparaît de manière récurrente la représentation d’une étoffe bleue (plus ou moins bleue) dont la trame, composée de fils blancs, montre la structure typique de la toile de Gênes (en anglais au XVIIe siècle : Geanes). En 2010, la galerie Canesso a fait analyser les pigments du bleu sur les tableaux qui se sont avérés être de l’indigo, donc un pigment d’usage courant au XVIIe siècle, soit dit en passant un pigment d’origine végétale utilisé aussi pour la teinture des cotons de l’époque –en particulier du jean qui nous intéresse plus directement ici. Cette analyse technique ainsi que les caractères stylistiques de ces compositions, étudiées et publiées par Gerlinde Gruber, s’accordent pleinement sur une datation à la fin du XVIIe siècle.
Le peintre a fait sa première apparition en tant que tel en 1998, à l’occasion de l’exposition «da Caravaggio a Ceruti. La scena di genere e l’immagine dei pitocchi nella pittura italiana» (Brescia, Museo di Santa Giulia, 28 novembre – 28 février 1999, p. 219, n° 90, comme peintre anonyme, actif en Lombardie dans la 2nde moitié du XVIIe siècle). C’est autour du tableau du musée des beaux-arts de Gand,
«le Repas frugal», acheté en 1905 par la Société des amis du musée de Gand (comme Vélasquez), que se sont peu à peu regroupés d’autres tableaux de cette même main dont le nombre s’élève aujourd’hui à 10 (8 seront exposés à la galerie Canesso, celui du musée de Gand ne peut quitter le musée et il n’a pas été possible, malheureusement, de localiser le dernier, connu d’après une photographie en n/b des années 1950; le tableau se trouvait alors dans une collection particulière de Novara ).
Cet artiste a maintenant sa place dans le grand mouvement européen de la peinture de la réalité du XVIIe siècle, à côté de noms plus connus, ceux de Diego Vélasquez, Les Le nain, Georges de La Tour, Pietro Bellotti et plus tard au XVIIIe siècle, de Giacomo Ceruti

INFOS PRATIQUES :
« Il maestro della tela Jeans », du 16 septembre au 6 novembre.
Galerie Canesso, 26, rue Lafitte – 75009 Paris. Ouverte du lundi au vendredi de 10h à 18h ou sur rendez-vous.
Accès : Métro : Richelieu-Drouot – lignes 8 et 9 / Parking : Chauchat Drouot, 12, rue de Chauchat – 75009 Paris.

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