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Dialogue avec les anges par Anne Brunet

by Marie Odile Radom
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« Où il y a de vie, il y a des anges. »

Ce sont ces petites bribes de dialogues – à l’image de cette petite phrase – qu’elle choisit d’offrir à notre regard à travers son exposition « Dialogue avec les Anges » à la Galerie 13 Jeannette Mariani jusqu’au 12 Juin 2010. Ces mots semblent soudain prendre tout leur sens tant Anne Brunet semble les avoir côtoyés de très près pour pouvoir retranscrire toute leur délicatesse.

Spectacle onirique où se mêle religion, armes et les femmes, Anne Brunet nous impose une vision étonnante et très rafraîchissante de thèmes graves telles que la mort ou l’au-delà avec un souci et une maîtrise du détail frisant la perfection. Loin d’être sinistre et froid, son univers majoritairement en noir et blanc est plein de fantaisie et de douceur pour une artiste toute en couleurs. Son goût réel pour la couleur se retrouve dans des papiers peints très colorés bleu profond ou vert gourmand, véritables écrins pour ses toiles qui les subliment. Parfois s’autorise t-elle directement sur ses toiles un peu de rouge mais ces quelques touches de couleur sont toujours subtilement intégrées et ne dénaturent pas l’œuvre.

Chacun des messages d’Anne Brunet est d’une précision sans pareille, plein de douceur et de bienveillance mais à plusieurs niveaux de lectures tant son trait fait preuve d’une grande dextérité. Chaque œuvre est en fait un assemblage de petits détails qu’on découvre peu à peu en s’approchant d’elle, petite malice parfaitement assumée de l’artiste et surtout son signe distinctif. Il n’y a alors pas de meilleur moyen pour pénétrer dans son univers plein d’audace que d’entrer dans ses toiles. Une manière de ne pas s’arrêter à ce qui est le plus visible, à ce qu’on voit en premier lieu, une invitation à aller plus loin pour finalement enrichir sa vision et dépasser l’impression première.

Loin de se cantonner à la toile comme unique support, l’artiste a eu entière carte blanche pour faire de la Galerie 13 Jeannette Mariani le moyen d’expression le plus fort de son imaginaire.  » Il y a un réel épanouissement à puiser dans l’imaginaire. Cet univers fantasmagorique me permet de prolonger un peu plus mon enfance. Dans l’imaginaire il n’y a pas de barrières, pas de limites pour explorer la nature, les rêves… c’est un monde en mutation permanente donc passionnant. » nous dit Anne Brunet.

Ses toiles côtoient sans problème de petits bustes blancs d’anges ou de femmes qu’elle a délicatement tatoués d’encre noire avec le même soin et la même application que pour ses toiles. Grandes fresques monochromes à même le mur ou peintures sur toiles, poufs carrés et table basse entièrement décorés à la main, et papiers peints très colorés, aucun support ne semble pouvoir empêcher l’artiste de nous délivrer son message. Il y en aura pour tous les goûts et surtout pour toutes les sensibilités.

Graphisme proche du tatouage, détail d’écailles sur les sculptures ou fresques proches des estampes japonaises; romantisme purement gothique ou bien manga plein de délicatesse, aucune étiquette ne semble pouvoir coller au style de l’artiste. A la fois dessinatrice, illustratrice et peintre, elle arrive à tous les réunir dans un style résolument moderne et plein de personnalités.

En pénétrant dans la Galerie, on est toute suite attiré par son autel « I LOVE YOU », entre dévotion religieuse et hommage à l’amour. Nouvelle chapelle ardente ou représentation moderne du Sacré Cœur, cet autel fascine avec son crucifix rouge qu’on croirait directement pris dans les flammes de cette petite cheminée noire faisant office d’autel qui, à y regarder de plus près, est elle aussi composée de petits détails entre gravure et tatouage. Sommes-nous finalement prêts à célébrer le culte de l’amour, acceptons-nous les blessures occasionnées par l’amour ?

Dans les vitrines, ici et là, plusieurs de ses sculptures « décorées » nous happent. Entre tatouage à l’encre noire et écailles, les petits détails habillant ces petits anges « LOVE ME, HATE ME » – serait-ce une référence déguisée à la nuit du chasseur ? – ou encore cette tête de femme « OPEN YOUR EYES » recréent un habit de peau comme une protection devant la cruauté de ce monde. Enlevons le voile qui couvrent nos yeux et regardons-nous telles que nous sommes semblent nous dire Anne.

En continuant, la jeune fille guerrière de « SAVE ME » à l’esthétique très manga nous hypnotise très rapidement sur son fond noir telle une ombre avec son regard et son nounours rouges. Et pourtant malgré son fusil, elle n’a rien de menaçante, juste un appel à l’aide qu’on pourrait voir comme une sortie de l’enfance.

Mais le talent d’Anne Brunet explose dans l’œuvre la plus riche et la plus forte de cette exposition, une splendide huile sur toile, vanité des plus brillantes et véritable démonstration du savoir faire de l’artiste. Noire et sombre, elle intrigue et on s’approche afin de mieux voir. Et là, une foule de petits détails apparaissent un à un. On se surprend à les deviner, à recomposer, à repenser cette vanité en y cherchant des symboles mais surtout en se racontant de nouvelles histoires. Ici, des oiseaux surgissent  à la place des sinus, des ailes d’ange se cachent dans les arêtes du nez mais là ne serait-ce pas un cœur à la base du menton. Et chacun de ces détails en révèlent d’autres à leur tour rendant cette toile fascinante, c’est un véritable puzzle artistique. Est-ce par ce qu’elle souhaite qu’on apprécie son art qu’elle a simplement nommé cette toile « LOVE ME » ?

Le sous-sol permet d’entrer dans un univers plus onirique encore et plus proche des estampes japonaises où on retrouve les poufs décorés à la main et une formidable table basse remplie de détails à lire et à découvrir et surtout cette toile d’araignée emprisonnant le petit Jésus qui nous dit de « FAIS DE BEAUX RÊVES ». Cette salle parle beaucoup plus clairement de la vulnérabilité de la femme, entre femmes geishas et fausse sirènes. « LES ANGES » ont des jambes de femmes en talons aiguille et des têtes de plantes carnivores….

Son travail est d’une telle richesse et d’une telle finesse que je vous invite à le découvrir à la Galerie 13 Jeannette Mariani mais également sur le site de la galerie.

Et si finalement, c’était sa vulnérabilité qu’Anne Brunet exprimait ainsi ? Non, c’est tout simplement sa féminité que cette jeune artiste de 28 ans essaie de nous expliquer pour sa première exposition solo parisienne.

Elle est définitivement ma découverte de l’année.

Crédit Photos : © Eva Davier  with the courtesy of Galerie 13 JM

Galerie 13 Jeannette Mariani

36 rue du Mont Thabor 75001 Paris. France. Mardi / Samedi /11h00 /19h00
tél : +33 (0) 1 40 15 02 80 / +33 (0) 6 65 50 80 48

http://www.galerie13jm.com/

Marie-Odile Radom

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1 comment

metal france 22 août 2011 - 18 h 40 min

Je tente ma chance, Je participe ça me serait bien utile !

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