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La génèse d’High Glitz par Susan Anderson

by Marie Odile Radom
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Susan Anderson est une photographe basée à Los Angeles et spécialisée dans l’art, la publicité et la production d’éditos. Elle excelle dans l’art du portrait, les photographies de mode ou pour des séries beauté. Ses éditos de mode ont été publiés dans bon nombre de magazines tels que Glamour, People ou Playboy. Susan Anderson a également illustré en photographies les livres de chroniques humoristiques « Porn for Women » et sa suite « Porn for New Moms ». Ses photos mordantes et pleines d’humour complètent des chroniques pour femmes contemporaines.

L’artiste nous raconte la genèse de son projet High Glitz : the Extravagant World of Child Beauty Pageants.

Tout d’abord, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Quelle a été votre inspiration pour cette série de photos ?

Je regardais un documentaire à la télévision sur l’histoire du concours de beauté Miss America et j’ai commencé à me dire que les concours de beauté ferait une bonne idée de sujet pour mon prochain projet artistique. J’ai donc commencé à lire et à faire des recherches sur le sujet. Un jour en surfant sur le net,  je suis tombée accidentellement sur une page parlant des concours de beauté de mini-Miss. Ça a été comme une évidence alors, j’ai juste su en regardant ce site web et certaines des photographies présentes sur le site que je devais le faire. Je devais aller voir ces concours et photographier les participantes. Et c’est ce que j’ai fait,  je suis allée voir des événements, j’y ai installé un studio et j’ai pu photographier ces filles juste avant qu’elles n’entrent en scène.

D’un côté, c’était une excellente idée du point de vue logistique car je n’avais pas à travailler avec les coiffeurs, les maquilleurs, je n’avais pas à attendre les costumes, tout était déjà prêt, et je pouvais avoir toutes ces personnes en une seule journée prêtes à être photographiées.

J’avais déjà fait cela en backstage d’un show à Los Angeles, j’ai pu voir différents types de participants et j’ai décider d’aller vers ces concours de mini-reines de beauté. J’ai donc écris à l’organisateur d’un concours de mini-Miss via le site internet et il m’a invité à venir assister au concours. J’ai acheté deux tickets, l’un pour ma sœur et l’autre pour moi, et sans vraiment y penser, j’y suis allée.

Est-ce que les parents ont fait des difficultés pour ces séances photos ? Leur avez-vous expliqué votre projet ?

Je leur ai dit que j’étais une artiste, que j’étais également photographe pour des magazines ou des publicités. J’ai déjà fait plusieurs éditos de mode pour des magazines de luxe à Los Angeles. J’ai travaillé avec des mannequins professionnels. Et je connaissais donc parfaitement tous les problèmes liées à la lumière, toutes les contraintes techniques. Et puis je leur ai dit que je faisais un livre et une exposition alors que je n’avais pas ni contrat d’édition ni de galerie pour exposer. J’ai donc un peu triché à ma manière mais j’ai toujours été honnête sur ce que je faisais. Et puis j’ai finalement sorti le livre et j’ai du leur faire signer une décharge car les filles sont mineures et tout a pu réellement commencer.

Est ce que mes mini-reines de beauté ont apprécié les séances photos car elles ont l’air plutôt heureuses et souriantes sur ces photos ? A leur âge,  je n’aimais pas forcément toutes ces choses. Elles sont à la fois belles et hideuses.

Elles sont extrêmes car elles ont décidément d’être toujours dans le mieux, d’aller toujours plus haut.

La première fois où j’ai découvert ce monde par moi-même, je me suis rendue compte qu’il y avait différents types de concours de mini-reines de beauté. Les concours de beauté naturelle avec très peu de maquillage, des robes toutes simples où il est plus question d’être une jolie fille et puis il y a les concours de catégorie supérieure appelés  High Glitz et ce sont ceux-là qui m’intéressent. Dans ces concours, tout y est exagéré, les coiffures, le maquillage, les tenues, ce qui est finalement très américain. Elles ont même des postiches pour les cheveux. J’aime comme beaucoup la beauté, les cosmétiques, tous ces trucs de femmes, et je me sens concernée par la presqu’obligation qu’ont les femmes d’essayer de se conformer aux canons de beauté de notre société mais là elles essaient d’atteindre quelque chose qui est finalement hors de portée. La barre a été placée définitivement trop haut.

Pensez-vous les suivre au fur et à mesure qu’elles grandissent pour voir leur évolution ?

Beaucoup de gens m’ont posé cette question. Je n’ai pas beaucoup de contact avec elles. J’en suis quelques-unes à travers ce qu’elles font, je vois ce qu’elles deviennent dans les magazines. Beaucoup de filles présentes dans mon livre sont de véritables stars des concours de beauté. Les meilleures finissent par gagner des concours et continuent leur petit bonhomme de chemin. Certaines ont commencé alors qu’elles n’avaient pas encore dix ans. Quand elles ont treize-quinze ans, cela devient de plus en difficile pour elles car arrive la période de l’adolescence. J’étais assez maladroite à l’adolescence, je ne portais pas de maquillage, de jolies tenues. J’ai été de plus élevée avec trois frères. C’était un univers qui m’était complètement étranger.

C’est très intéressant car pour moi c’est un peu comme de l’archéologie. Pour elles, elles vivent un véritable conte de fées, ce sont de petites princesses. Ce monde est un monde « fantastique » avec un vocabulaire très spécifique rempli de superlatifs : beauté suprême, absolument la plus jolie, la plus jolie…. C’est dur à suivre. Elles étaient la plus jolie à 5 ans mais que faites vous quand vous devenez adolescentes ?  Que faites-vous lorsqu’on vous devenez femme ? Être la plus jolie à 5 ans est finalement quelque chose d’assez dur. Je me suis rendue compte que les jeunes filles de maintenant sont beaucoup plus conscientes des icônes qui nous entourent et cela grâce à la télévision, aux couvertures des magazines. Elles savent très bien qui sont leurs icônes et cela de plus en plus jeunes. Lorsque j’étais jeune, nous regardions la télévision et un point c’est tout. C’est vraiment le reflet de notre époque.

Quel est votre prochain projet ?

Je suis intéressée par le concept de « blonde attitude ». Il y a tellement de choses intéressantes à ce sujet. Les gens vous diront que lorsqu’on est blonde, on n’est pas traité de la même manière que les autres femmes. Les hommes réagissent différemment. C’est un monde différent lorsqu’on est blonde. J’ai moi-même été blonde il n’y a pas si longtemps de celà mais pour une courte période et j’ai pu moi-même expérimentée cette différence. Mais je dois continuer mes recherches. Los Angeles est la capitale des blondes, et pour ce projet, j’ai beaucoup lu,  j’ai fait beaucoup de recherches. Et puis il y a le mythe de Barbie. Je suis aussi intéressée par ce côté chirurgie esthétique, par cette espèce de conformité à un idéal inatteignable après lequel les femmes courent. C’est vraiment un sujet complexe et intéressant à la fois.

N’essaient-elles pas d’être finalement une nouvelle Marylin Monroe ?

Marylin Monroe avait vraiment quelque chose de spécial. Aucune autre femme n’a capturé l’imagination collective comme elle l’a fait. Peut-être a t-elle été la première blonde. Je veux dire il y a eu Jean Harlow, Grace Kelly, il existe différents types de blondes mais aucune n’était comme Marylin Monroe. Elle a été une icône une grande partie de sa vie.

Il y a la blonde Hitchkockienne également.

J’adore la blonde Hitchcockienne et c’est une partie à laquelle je n’ai pas encore pensé. Je suis en plus une grande fan des films d’Hitchcock.

J’ai découvert par ailleurs sur le projet des mini-reines de beauté que 90% des filles que j’ai photographiées étaient blondes, vraies ou fausses d’ailleurs. Il semble qu’il y ait un lien entre blondeur et beauté finalement. Je n’ai encore rien de concret pour mon nouveau projet, je n’ai encore rien photographié….

 

Merci beaucoup pour ces réponses. Nous espérons très vite pouvoir voir votre prochain projet.

www.susanandersonphoto.com

www.highglitz.com/

Crédit photos : © Susan Anderson Courtesy of
acte2galerie, Paris

 

Marie-Odile Radom

 

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pascal 6 juin 2010 - 1 h 04 min

super interview 😉

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