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Henry N. Jackson : le plus français des créateurs américains

by pascal iakovou
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Rencontre avec Henry Nathaniel Jackson, fashion designer new yorkais qui crée en pensant à toutes les femmes. Des collections haut de gamme pour un créateur qui apprécie les courbes à leur juste valeur…

Henry Nathaniel Jackson, comment définiriez votre style ?

Mon style, c’est l’élégance classique revisitée de façon moderne. Cela vient du fait que j’ai grandi en Amérique mais travaillé pour des marques européennes.

Avant d’aller à la Parson’s Design School à NYC, vous avez étudié à Harvard, qu’est-ce qui vous a mené à la mode ?

J’ai été influencé par les vieux films. Par ailleurs, quand j’étais petit, ma mère refaisait toutes les robes Givenchy pour les porter lors de ses sorties. J’ai étudié le ballet pendant sept ans, entre sept et quatorze ans, puis je me suis blessé au genou et j’ai dû abandonner cette discipline, ce qui m’a mené à ma décision finale d’être créateur de mode.

Vous créez uniquement pour les femmes, en quoi vous inspirent-elles plus ?

J’ai toujours adoré la façon dont les femmes respirent la vie dans les vêtements. La façon dont elles marchent influe beaucoup sur ma manière de créer pour elles. Je pense que c’est seulement en considérant ceci que les hommes peuvent créer pour le sexe opposé. A un moment donné, j’ai conçu des pièces pour homme mais j’ai trouvé ça ennuyeux, non parce que ces derniers boudent la mode, mais parce que les acheteurs professionnels ne s’intéressent pas aux pièces masculines qui sortent des sentiers battus.

Vous créez pour tous types de femmes, pensez-vous que la mode est un moyen de faire passer un message ?

Absolument, comme nous les hommes sommes sensibles à des beautés très différentes, mon message est de promouvoir la diversité dans la mode féminine haut de gamme, alors que la plupart des designers promeuvent juste une image très classique de la clientèle Haute Couture telle qu’ils l’imaginent. C’est pour cette raison que j’ai choisi Chanel Clark pour ma campagne de pub Automne-Hiver 2009/2010. On ne peut nier sa beauté, elle n’a pourtant pas le profil type d’un mannequin. De plus, je pense que l’image de femmes très maigres comme un idéal est vraiment limitée et injuste pour les femmes que nous aimons toutes.

Qu’est-ce qui vous fait évoluer en tant que créateur de mode?

Je pense que le fait que je croque la vie à pleines dents rend mes créations spéciales et vivantes. C’est pour cela que la plupart des designers trouvent leur inspiration au travers des voyages et d’expériences uniques. On a besoin de savoir à quoi ressemble le monde pour créer pour lui.

Vous arrive-t-il de manquer d’inspiration ?

J’ai toujours été prolifique en termes de design. J’ai une bibliothèque d’idées à laquelle je peux toujours me référer si je traverse une période creuse en termes d’inspiration. En général, cette bibliothèque est composée d’idées que j’ai eu lors de saisons précédentes mais que j’ai abandonné car elles ne correspondaient pas à l’esprit du moment.

Quelles sont les créations dont vous êtes le plus fier ?

Très bonne question que l’on ne m’avait encore jamais posée ! Celles que je préfère sont toujours des robes qui ont résolu certains problèmes et deviennent des pièces innovantes en termes de coupe et de design. Par exemple je pourrais concevoir une robe qui gaspille beaucoup de tissu et ensuite en créer une autre qui mettrait à profit les déchets de la première dans une nouvelle coupe et ce sera ma préférée…réalisée à partir de chutes.

Quelles sont vos matières de prédilection ?

J’aime surtout les soies, les fibres naturelles mais j’ai aussi toujours été fou des jerseys, comme ceux de Madame Grès. J’apprécie leur toucher et le fait qu’ils permettent de beaux drapés.

Où est basée la production ?

Mes pièces sont fabriquées aux quatre coins du monde. Je vais où se trouvent les spécialistes pour le vêtement en question. Pour la haute couture, j’ai un contrat avec un studio à Paris, celui auquel Chado Ralph Rucci fait appel. Le sur-mesure se fait à New York, les pièces très chargées en perles sont réalisées en Inde et les robes très complexes en Russie avec ma modéliste qui s’avère être une très belle femme. Elle porte merveilleusement bien les robes couture et est d’ailleurs également mannequin cabine.

Vous avez créé pour Halle Berry, Whoopi Goldberg, Janet Jackson et tant d’autres…quelles célébrités aimeriez-vous encore habiller ?

J’aime habiller des femmes qui m’intriguent par leur talent, pas uniquement par leur beauté. Il y a les actrices Meryl Streep et Kathy Bates, la diva de l’opéra Leontyne Price et encore d’autres dont je ne peux détacher mes yeux. Certaines, comme Mariah Carey et Aretha Franklin auraient besoin d’un bon relooking, que j’adorerais réaliser, mais ces femmes ne sont pas ouvertes au changement.
Je déteste les designers qui semblent ne pas vraiment AIMER les femmes. Mais je ne citerai pas de noms, ils se reconnaîtront.

Quels sont les designers dont le travail vous touche particulièrement ?

Je vais en citer plusieurs : principalement Madame Grès, Givenchy, mon ancien patron Valentino et Olivier Theyskens pour son originalité. Je n’arrive pas à croire que ce dernier n’ait actuellement pas de poste.

Vous êtes récemment rentré à New-York après quelques années à Paris, quelles différences percevez-vous entre la mode à Paris et à New-York ?

Ah… New-York reste le lieu des possibilités infinies pour les designers et est plus commode en termes de ressources mais Paris c’est l’élégance et l’artisanat.

Selon vous, à l’heure actuelle, quels sont les nouveaux endroits à garder en vue en termes de mode ?

Je pense que Berlin étant très bon marché en ce moment, on va vite en voir émerger des designers et de nouveaux styles. Bien-sûr, il y a aussi Londres qui, à défaut de stabilité, possède un potentiel créatif incroyable.

Que trouvez-vous le plus difficile dans votre métier ?

Je pense que la plus grande difficulté pour les designers est d’ordre financier. Un créateur qui n’a pas les connexions nécessaires à un bon investissement ne pourra pas, quelque soit son talent, créer sa boîte. Le manque d’argent limite aussi, bien-sûr, les possibilités créatives.

Quels sont vos projets pour le futur proche ?

Je vais continuer à promouvoir les nouvelles catégories de tailles pour inclure d’autres options destinées à toutes les femmes. J’ai aussi un projet secret dont je vous parlerai d’ici l’automne prochain.

By Isabelle Huber

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