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John Galliano Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2011

by Marie Odile Radom
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Le cadre enchanteur de l’Opéra Comique était le lieu idéal pour présenter la collection Printemps-Eté 2011 de John Galliano. Dans une atmosphère intimiste, les muses du designer perchées sur des talons vertigineux ont défilé sous les moulures d’or du théâtre dans une mise en scène mettant en valeur l’extrême féminité de silhouettes baroques.

Comme à son accoutumée, le créateur britannique a été inspiré par une femme, Maria Lani, actrice des années 20 venue d’Europe Centrale. Maria Lani avait convaincu une cinquantaine de peintres et sculpteurs de son époque, parmi lesquels Henri Matisse, Fernand Léger, Giorgio di Chirico, Marc Chagall et Modigliani, de réaliser son portrait, avec le prétexte qu’ils seraient utilisés dans un film fantastique, dont le scénario était basé sur l’idée que l’héroïne prendrait vie à partir de ses représentations inanimées. Or Maria Lani n’était pas comédienne, mais une simple sténo et aucun film n’était prévu. Peu après, elle s’enfuit avec plus d’une cinquantaine d’œuvres aux Etats-Unis et plus personne ne la revit.

Pour rendre hommage à cette fabuleuse supercherie, le célèbre designer a rejoué le scénario du film en s’inspirant des tableaux. Il a souhaité que chaque tenue soit « aussi individuelle qu’un portrait« , multipliant chapeaux, voilettes, bibis roses, robes à bretelles, foulards de gitanes et cols en fourrure, autant de pièces rappelant le style des années folles. Maquillage appuyé  lèvres sombres et mise en scène théâtrale avec pose et cadre de tableau achèvent de donner vie à chaque portrait.

Maria Lani apparaît dans chaque silhouette de cette collection fabuleuse et exubérante faite de robes légères à volants et jouant avec les transparences et l’asymétrie. Les imprimés sont fleuris, parfois délicatement brodés d’un motif papillon, les accessoires se multiplient. Les pantalons se font extra-larges voilés de tulle noir et se portent avec de petits blousons en cuir. Les petites vestes sont souvent finement ceinturées ou délicatement ornées d’un foulard.

Amples sarouels de tissu lamé, combinaison sarouel une épaule ou bordée de vison beige, complètent une garde-robe si justement nommée tant la robe y est présente. Orange, rouge flamboyant et rose apportent de la chaleur dans une collection dominée par les tonalités neutres blanche, crème et beige pour le soir même si une pointe de vert d’eau réveille parfois une silhouette plutôt classique. Le noir est également présent comme pour ce trench ceinturé orné de broderies florales roses et se terminant par une cascade asymétriques de volants.

En cas de pluie printanière, John Galliano, fidèle à ses années londoniennes, imagine Maria Lani dans un trench léger gris transparent raccourci en organza, un foulard à pois servant subtilement de ceinture. Et si la journée est ensoleillée, c’est sous une ombrelle qu’elle abritera sa peau délicate.

Pour les soirées chics, le designer imagine des robes blanches incrustées de cristaux, de broderies de perles argentées ou de métal doré, inspirées par les sculptures métalliques de Brancusi. Un robe en soie fine transparent terminée par des plumes d’autruche est une excellente alternative plus discrète.

Et comme tout spectacle mérite un final d’exception, c’est sous une pluie de confettis dorés qu’apparaît la silhouette de John Galliano qui n’est pas sans rappeler celle du Kid de Chaplin. Après tout, le créateur n’est-il pas l’enfant terrible de la mode ?

De nouveau, John Galliano nous a montré l’étendu de son talent à travers une collection baroque et exubérante à souhait mais qui exalte une féminité extrême. Les coupes sont précises et reflète tout son savoir-faire. Nul doute que si Maria Lani vivait à notre époque, elle aurait certainement fait partie des muses de John Galliano tant elle représente la femme audacieuse, brillante et n’ayant pas froid aux yeux.

Marie-Odile Radom